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Bernard Photzer l'ami de la premiere heure.

Abondamment cité, à juste titre dans la carrière de Marcel Dadi, Bernard nous a confié quelques mots sur le "gamin qui matait au Club des chemises rouges" comme il le dit avec émotion.

Bernard Photzer êtes-vous celui qui a découvert Marcel Dadi ?

Alors là, pas du tout. D'ailleurs je n'aime pas ce mot "découvrir un artiste" car lorsqu'on le "découvre" 9 fois sur 10 il est déjà au sommet de son art. En ce qui concerne Marcel, lui m'a connu bien avant que je le rencontre. Il venait, tout gamin, avec des copains pour nous voir jouer au Club des chemises rouges. J'en voyait un qui restait les yeux fixés sur le manche ma guitare. Naturellement c'était lui, et à son âge il était loin d'être le maître qu'il est devenu.

Quand l'avez vous vraiment rencontré ?

Aux alentours des années 63. Il cherchait à imiter son frère à qui il vouait une admiration parce qu'il jouait dans un groupe. Je crois bien qu'il a monté le sien par esprit de compétition. C'est par Bernard Laux dont les parents étaient amis avec les miens que nous avons été présentés et que je lui ai appris malgré moi l'existence du style Nashville et du Picking que Roberr Gretsch avait introduit en France lorsqu'il fréquentait Les chemises rouges.

Mais vous lui avez quand même montré quelques plans de picking?

Oui mais plus tard. Marcel était mon élève. C'est lui qui jouait les morceaux que je lui apprenais. C'est vers 64/65 que je lui ai vraiment montré quelques plans. Au début Marcel jouait du rock comme Scottv Moore Nickv Nelson et les Ventures et tous les trucs de variété qui sortaient à l'époque comme Presley ou Johnny. C'est quand il a découvert Atkins, Travis, Watson et Reed qu'il est devenu dingue de picking.

Vous lui avez donc enseigné la méthode picking?

Rien je te dis. Je connaissais juste quelques plans par ci par là. Et puis à cette époque il n'existait aucune méthode pour apprendre autre chose que du classique. J'insiste on avait rien pour bosser tout seul. C'est lui tout seul qui a pigé le système du picking car c'est un système de jeu plus qu'un style à proprement parler on joue aussi bien du Country du Folk ou même du Rock avec ce système. Il a passé des heures, des mois et même des années à exécuter plan par plan chaque morceau des disque que je lui refilais.

A votre avis pourquoi Marcel a-t-il choisi ce système ?

J'en sais foutre rien moi. Cela devait lui correspondre. lui parler, le faire vibrer. Tu sais pourquoi tu aimes plutôt les blondes, les brunes ou les rousses toi ? C'était son truc voilà tout.

Marcel disait être influencé par Hugues Aufray et Dylan...

Logique, comme je jouais avec Hugues je lui montrais aussi ce que nous faisions. Cela lui plaisait beaucoup car ce gamin avait une soif d'apprendre sans fin.

Puisque tu parles de Hugues Aufrav je profite de l'opportunité pour lui dire ici l'immense merci pour m'avoir laissé m'exprimer sur ses disques et m'avoir influencé sur mon comportement quotidien dans la vie.

Revenons sur Marcel Dadi, on dit que vous lui avez servit de modèle...

Peut-être, mais il était tellement fort que je n'ai été qu'un sentier sur lequel il à construit la voie royale de son talent. Car je te le répète il a tout redécouvert tout seul.

Pourquoi n'avoir jamais fait de disque avec lui?

On ne jouait pas dans la même catégorie. Lui jouait seul avec et pour son instrument. En ce qui me concerne j'étais accompagnateur d'artistes comme les Rebelles, les Labyrinthes, Ronnie Bird, H. Aufray, Polnareff, Palaprat, Jaqueline Dulac, Billy Bridge, C. Jérome et Topaloff. Ensuite je n'ai fait que du studio.

Pas même un boeuf?

Non, car ni lui ni moi n'aimions l'improvisation. Et puis cela tourne rapidement à la compétition pour épater les autres et l'on perd tout le côté musical.

Que vous reste-t-il de Marcel Dadi?

Tout, même si j'ai perdu un véritable ami, un petit frère, il me reste le souvenir de son intelligence du coeur, son sourire et comme il était UNIQUE je ne vois pas qui le remplacera.

Il a oeuvré pour la guitare comme personne dans le monde. D'ailleurs son parcours parle de lui même la scène, la méthode, les disques, les magasins, l'importation de guitare, les master class et je suis sûr qu'il avait en projet la fabrication de guitares...

Putain de vol 800...

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